• Si ça te dit, on pourrait se noyer autour d'un café crème. Et lire sans s'intéresser aux pages des vieux grimoires et des lettres sur papier jauni dans les prunelles de l'autre, une sorte de rêve échappé d'une vitre ouverte, d'un autobus grisé sur les autoroutes de vacances.

    On pourrait se promener et faire tous les métiers. Quitter chacun son chez soi, traîner le long des routes mauvaises qu'on ne photographie en noir et blanc, en espérant d'avoir la chance de croiser Arletty à un détour du voyage.

    Et puis autour du café crème, faire tinter les cuillers, noyer du sucre, et dans spirales de bulles en couleurs, dessiner des baisers tourbillonnés.

    En éloignant la table, en rapprochant les chaises, pianoter sur ta cuisse des sonates et des airs, des chansons de chercheurs d'or, des sésames ouvre-toi, qui approchent ta bouche de la mienne.

    Et puisque tu le demandes, je viens tuer tes voisins. Un peu comme Léon, mais moi je suis pas crétin.



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  • Des chansons de marins, ça fait monter au ciel les canards flottants, sur les lames atlantiques. Dans les creux de la Manche, la mer fait des sourires de pute à mes autres compagnons. Balancés par dessus le pont, vers les hommes déraisonnables, les renversés du bastingage, on aime les chansons de mer et de nouvelles vagues. Il y a des coins sur un globe même s'il est rond. Des moitiés de cris de canards, des embardées vocales d'emplumés plastiques et migrateurs.

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  • Les tricycles qui passent sur Marshmallow Avenue laissent des poussières de barbe à papa, des filaments de sucre qui se toilent comme en guignent les araignées. La lune est ce soir une étoile filante, bardée de rouge ou d'un halo vert, selon les angles et couleurs des traînards sur pylônes. C'est comme de l'harmonie sociale, mais interstellaire.

    Et ce n'est déjà plus le soir. La nuit a passé à s'écouter dormir et à se faire des films de Maïté poursuivant la dernière échalote.

    Chaque jour passe, et je me répète que je n'ai pas de fleurs. Pas de cadeaux enrubannés. Pas de tapes dans le dos et de chamailleries à trois sous qui se finissent aux bisous.

    On pourrait rêver qu'il fasse froid, mais la lumière du jour est indécente pour un mois de janvier. Elle ouvre les cols par amour. Par amour. Tu tournes dans ta chambre, et puis tu tournes dans ta chambre, sous les pales d'un ventilateur discret. Une présence invisible et rouillée qui fait clic clac et autres clappements corrodés, comme un truc qui ne tournerait pas rond, un fils d'éole mécanique et sans électricité. Je ne serais pas une bouée que je viendrais en courant d'air, en battant de ces foutues ailes qui ne m'ont pas encore poussé.

    Le ventilateur n'en tournerait que mieux. Peut-être.

    Puis les tricycles repasseraient sur Marshmallow Avenue. Et les bras ballants je répéterai des I want you d'un chanteur ou d'un autre. On ferait semblant qu'il neige, en dessinant des routes de couples de pas sur les rues non identifiées. La main dans la main de l'autre, comme deux bouées à la mer, retomber sur le sable, que tous s'écrient : sous les dépravés, la plage.



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  • Il paraît évident que je ne sais plus lire à haute voix le mot exigence. Exichose, exitruc, exibidule, eximachin, ça passe tellement mieux. Et ça fait rire, comme cacher Jennifer et son coca dans une phrase du journal d'un tueur sentimental. Dans ta fatigue, on t'entend alors sourire.


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  • J'ai collectionné les moutons, à quatre pattes et puis à cinq, à les compter derrière mes paupières, en attendant que la nuit se fasse. Mais ça ne venait pas, alors je suis devenu pochtron au bal des petits lits blancs. Endormi jour et nuit, j'insomniais, réveillé jusqu'au bout des pieds, je me tuais à la lueur électronique d'un écran cathodiquement désorienté, sans jamais me rencontrer dans ce miroir.

    Désormais dans un bonne nuit, je m'enlise, noyade dans du miel, et récréation insoumise avant de jeter une journée aux cases souvenir.



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