Je me suis décollé du lot. Et dans un bouge du sud des années 60, aussi à l'aise qu'un Bollywood Supasta dans une boucherie, je me suis assis. Sam Cooke est passé quand j'ai glissé une pièce dans le juke-box...

[Il y a les pièces de monnaie aussi dans le lot...]

Décollé du lot, pièce rapportée, plaqué aux murs de planches suintant l'alcool le tabac froid, un œil au-dehors, dans les trains bourrés, des alcooliques sobres attendent le signal de départ de la machine pour se retenir aux garde-corps.

[Il y a les pièces de tissu aussi dans le lot...]

Tout ressemble à un grand patchwork, tout le monde rêve de belles nappes blanches, et dans les tambours où les couleurs dégorgent, dans les rivières de bulles de savon, je me suis décollé du lot, décoller c'est un peu s'envoyer en l'air.

[Il y a les pièces de rechange aussi dans le lot...]

Je voudrais écrire, « Putain, je t'aime », je me contente d'écouter (c'est facile) le chant qui s'horoscope « There been times that I thought I couldn't last for long, but now I think I'm able to carry on, it's been a long time coming, but I know a change gonna come. »

[Il y a les pièces de l'échiquier dans le lot...]

C'était le jour de la pièce manquant.

J'arrive scène 6 de l'acte II, je suis tout petit tout vêtu de noir. Ce n'est pas mon moment favori, j'arrive comme dans un train sans le bon ticket, et le contrôleur montre de pas bien belles dents. C'est plutôt... dommage. C'est plutôt... dommage. Les gens applaudissent, mais vraiment sans tout rompre, ils ne s'en déchirent pas les mains, je trouve que ça tombe plutôt bien. C'est plutôt... bondé. C'est plutôt... tous les soirs très plein. Je chantonne et je marmonne, tout se passe sur un lac. Nous sommes russes et tout est gelé. C'est du Tchaïkovski ou je ne sais quoi.

Il me semble que la morale de cette histoire, c'est plutôt... que les petits cygnes noirs sont des vilains petits canards. Ou ce serait du Hans Christian Andersen.

Toi tu vas rire... Il griffonna le Vilain Petit Canard quand fut sifflée la première de sa pièce, L'Oiseau dans le Poirier...

Rien ne se prouve, il n'y a que des choses qui collent les unes aux autres, des puzzles qui s'arrangent, des pièces qui disent, « j'ai trouvé ma pièce manquante. »

Le fin équilibre de la pièce montée repose dans les secrets de l'escalade, bien blottie parmi les autres pièces montées, dans une chambre froide, dans une cuisine, chez un traiteur stakhanoviste. L'homme de sucre a glissé son chapeau sous son bras, premier de cordée. La mariée le suit sans effort. Les pas vont dans la crème, et avec les pans de vestons. Autour de la taille, il s'est serré une corde, qui tire la nacelle en cigarette russe déroulée, d'où elle l'encourage.

On entendrait une mouche voler. On entendrait une mouche éternuer. On l'entendrait s'endormir et même rêver. On la verrait piquer, entre le fjord de crème glacée, et les boursouflures de sucre en neige. Mais les mouches ne sont pas très résidentes des chambres froides.

Et il grimpe... encore.

Du haut des pièces montées, les mariés alpinistes verront des murs métalliques et froids. Et une porte qui prend du temps pour s'ouvrir, et tout autour dans la sierra des pièces montées, d'autres couples escaladeurs et des chalets pyrénéens. Dans les murmures des temps à venir, la bise qui se glisse sous les joints de la chambre froide, le ronronnement rouillé et pneumonique de circulation des gaz refroidissants, parviendront les chansons de fêtes et le champagne de réception, le discours insipide du témoin.

S'endimancher le mercredi, ce sera possible pour tout le monde demain, suffira de se mettre sur son 31 janvier, à la bonne page calendaire, et avec une sucette à la bouche, et le costume trois pièces et salle de bains.