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    J'ai une mythologie du café qui ressemble aux jours qui s'ouvrent par les jalousies où les peintures s'écaillent. C'est une mythologie caramel et beurre de cacao pour les jours de fête les pains beurre et les sirops de semaine sainte. Elle siffle comme les flammes bleues de la gazinière au cul de la vieille casserole noircie. J'ai une mythologie du café qui ressemble à cette chanson. Comprenne qui pourra. Un vieux zombi perdu s'y bagarre sous un fromager, et rien que pour ça, à l'heure des cafés, je ne pense pas au latte macchiato, mais aux grains dans une poêle à frire.

    (J'ai pareillement une mythologie de la tasse de café sur le bord du piano. La cigarette y fait beaucoup moins classe, mais je l'ai imaginée aussi.)

    A vrai dire en mythologie du café, je ne pense qu'aux grains torréfiés maison, à la flamme bleue des gazinières, à la cafetière de métal avec son bec pigeonnant, à la lumière qui passe dans les grains de poussière de la nuit, et le parfum de l'aube ce bout de jour qui ne transpire pas encore l'homme et le bruit des voitures.

     



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    Dans les chansons des îles café, on entend de tout... au-delà du tambourinage des yukas et du secouage des maracas... Il faut passer par la gauche la section cuivre, et cesser de croire que le pianiste ne va pas s'arrêter, et comme dans le cas présent, entendre ceci :

    « ojalá que llueva café en el campo, pa que en Villa Vásquez oigan este canto »

    Celui qui ne maîtrise par Cervantes en castillan dans le texte sera un peu circonspect, car effectivement cette succession de syllabes et virgules hispaniques ne sera pas sans lui rappeler de festifs vamos a la playa, adios amigo, quiero beber una margarita, la cucaracha la cucaracha ya no puede caminar, porque no tiene... porque le falta marijuana que fumar, tortillas y cerveza...

    Pourtant il faut bien lire autre chose : ojalá que llueva café en el campo, si seulement il pleuvait du café dans les champs, pa que en Villa Vásquez oigan este canto, comme ça à Villa Vasquez ils entendront cette chanson. (Tout de suite ça change de la cucaracha qui manquait sévèrement de marijuana, qu'on se le dise...)

    C'est ainsi qu'en se penchant plus près de cette chanson, on se rend compte qu'une pluie de café sur les toits en tôles dans les champs fait un bruit de maracas à Villa Vásquez qui rappelle ladite chanson. J'aimerais soudainement m'étendre sur ce qui se raconte de Villa Vásquez sur la toile, mais l'information la plus percutante trouvée sur Google tient en un lapidaire « El 60% de los habitantes de Villa Vásquez usa letrinas » (avec pour ceux qui oseront suivre le lien une belle photo de toilettes en tôles). Autrement dit quatre villalobosvasquézien sur dix se promèneraient dans la nature avec des feuilles de bananiers, quand un besoin se fait sentir, et qu'il manque de pleuvoir du café.

    Mais on s'écarte un peu du sujet là, même si les soucis de santé publique devraient nous passionner un peu plus. Parce qu'une chanson qui commence par :

    « Ojalá que llueva café en el campo, que caiga un aguacero de yuca y té, del cielo una jarina de queso blanco y al sur una montaña de berro y miel », c'est encore plus révélateur.

    Celui qui ne maîtrise par Cervantes en castillan dans les devantures des librairies me prendra pour un fou, pourtant il faut bien lire (à peu près) que « si seulement il pleuvait dans les champs, qu'il tombait une averse de manioc et de thé, et puis du fromage blanc du ciel avec au sud une montagne de cresson et de miel... »

    Olalá que llueva café soudainement. Parce que la pluie de café c'est soit comme des petits grêlons, soit comme de la pluie qui brûle et tache les chemises, avec des éclairs de percolateur au passage, des étourderies du cafetier céleste qui s'embrouille parfois entre fromage blanc et thé, et qui a pris une montagne pour un pot de miel au cresson. La République Dominicaine se trouve quelque part sous la corne d'abondance. Voilà ce qu'j'dis moi. Et on restera là.


     

     


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    J'aime la couleur des fées, tes cheveux défaits, ta gorge qui fait : « J'aime quand pour moi tu danses ». Alors ça fait murmurer, et tout craqueler, les jolis craquelés, c'est le pied quand ça balance. Couleur des fées, qu'est-ce c'est coloriée une fée !

    C'est quand même fou les fées ! Les fées qu'est-ce q'ça fait ? ça fait rien que rouler, des pétards et puis les hanches. En plus quand t'a pas d'bol les fées, ça fait qu'énerver, ça fait qu'exciter, c'est ça les nuits de magie blanche. Couleur des fées, qu'est-ce c'est coloriée une fée !

    La magie à bon marché, c'est comme les fées, ça fait Georges Clooney, inaperçu en nespresso. Ça sait même pas compter une fée, juste conter des fées, pour tout oublier, un nespresso à bave de crapaud. Couleur des fées, qu'est-ce c'est coloriée une fée !


     



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    C'est Antônio Carlos Brasileiro de Almeida Jobim, autrement dit Tom Jobim, qui s'est un jour pris à écrire « Águas de Março », ce qui est assez étonnant, puisqu'il a aussi commis « The Girl from Ipanema », après avoir vu Helô passer devant la vitrine du bar où il traînait. Autrement dit, Jobim est un peu comme un Stevie Wonder, ou un Beethoven, nous avons presque tous entendu une de ses combinaisons de notes, parfois dans le faire exprès, comme les Blues Brothers en ascenseur.

    Un jour qu'ils s'étaient tous réunis pour un grand brainstorming, deux cents journalistes brésiliens choisirent « Águas de Março » comment étant la plus grande chanson brésilienne de tous les temps (ou tout au moins les temps passés jusque là). Dans l'absolu, ça ne veut pas dire grand chose, puisqu'il suffirait d'imaginer le bordel entre cent cinquante journalistes français furetant de Cadet Rousselle à Laurent Voulzy, tandis que Daft Punk et Jean-Pierre Mader coinceraient la bulle dans le taxi de Joe ... mais ça le fait quand même...

    Águas de Março, les Eaux de Mars, c'est Impression Soleil Levant, (et je m'y connais en Porte Océane et en bonne impression) une succession de saisissements qui font patchwork, une liste de courses des bons moments, des petites touches appliquées qui font carte postale à colorier ou clavier pianiste mordu de ses dents blanches et noires.

    Et puis les Eaux de Mars, selon l'hémisphère où on les fait couler, ce n'est tellement pas pareil, et pas que du sens des aiguilles des montres dans l'eau des lavabos. Mais ça c'est Brésil, entre autres. A cheval sur les deux, et des journées qui s'égalent presque toujours, mais se troquent les moiteurs, une paulista contre Recife.

    Alors c'est un courant de conscience (au sens de la technique littéraire) un monologue intérieur qui peut (parce qu'il est intérieur et pour rien d'autre) se passer de la structuration de la pensée. L'important c'est le tableau final. Et puis aussi, que ce soit un duo, c'est meilleur pour le monologue intérieur. C'est plus sexuel que ça.

    Águas de Março est une chanson carioca, il ne pouvait en être autrement : la rivière de janvier donne en mars des pluies soudaines, des vents violents, et une construction orchestrale de la chanson, par tons en glissando à la Shepard. Vous voyez ce que je veux dire ? (question débile s'il en est, puisque vous lisez...)

    C'est une collection... spicilège de tons... un album de douceurs... un recueil de timbres... c'est le fil qui se tisse... des tresses de moments... une chair assoupie... une divagation... du guarana à boire... de la braise sur l'île... sao as aguas de março... fechando o verao...
    é a promessa de vida no teu coracao...



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    J'ai beau traîner, vingt cinq rue de la Grange aux Loups, je ne l'ai jamais revue, elle avait disparue. Avec les hommages à venir, et puisqu'on est à Nantes, comme ça aujourd'hui, pourquoi ne pas prendre de l'avance ? Nantes m'était encore inconnue.
    Je n'y étais jamais venue.

     



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