• My darjeeling, I'm a teaspoon.

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    Revenons sur ce que je disais hier : duel et emballement sanguin, regards joués et complices, et lent effeuillage des sens. Le tango, même le faux, même celui qui ne se glisse pas hors d'un 78 tours d'un Maximo Diego Pujol, même celui qui n'a plus rien d'un milonga, d'une habanera, même celui qui n'est plus solennel, et qui sent ni la gomina, ni le tabac froid, ni les écorchures à l'épine de roses sur les lèvres, c'est stupéfiant. C'est juste que nous les bouées on a pas de pieds, pas de mains, qu'on se débrouille comme ça, dvd au bec, et qu'on ira au Moulin Rouge quand tous auront tant pleuré Satine.

     


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  • Mettre un pas devant l'autre, tant que les fils se retiennent, pleurent les marionnettes du bal. Tenues par le ténu ficelier des dieux des plafonds, elles frottent leurs cires et leurs bois, par entrechocs clinquants. Sur le plancher de la déveine, les pas multiples de valses à neuf temps. Le sourire figé sur les visages, pour l'éternité du patin, sniffer de la colle à bois et se graver un cœur aux ciseaux, les pantins qui dansent ont la dynamique lente et la lenteur mécanique, des laisses qui les traînent à droite puis à droite, à droite puis adroites parfois à gauche. Et maudissent le destin que leur réservent les mains mystérieuses des charpentes.

    Une bouée aurait presque le même comportement si elle avait des fils à la patte, quand elle aurait des pattes. Au bal des plastiques gonflés, des ronds en farandoles aquatiques, elles se regardent parfois en chien de faïence du temps des canards de l'industrie pétrochimique.

    Alors que danser demande ivresse et rythme, duel et emballement sanguin, regards joués et complices, et lent effeuillage des sens, comme une distinction des effleurements à la verticale, cadence militaire, quasi parfaite, sur des structures basiques de trois accords qui aiment se répéter, rien de plus simple. Le temps de l'éthyle d'un parfum, le temps de l'altération par liqueurs.

    Pour avoir sauvé des marionnettes de la noyade la corde au cou où elles flottaient, j'ai appris la danse et l'art de l'évasion des laisses quotidiennes. Rien ne vaut l'adagio des pas partagés et des paumes qui s'embrassent, et cette sensation que tout s'accélère, quand même le tempo se fige. Trompettes et tambourins, et quelques musiciens alcooliques. On se croirait à un mariage. Le nôtre, pauvres danseurs.

    Dans l'inscription du chlorure de polyvinyle, se distingue un début de sourire, une évaporation qui suit la basse, un cœur qui frappe aux tempes et à la porte du déraisonnable, celle où la bouée se mord les lèvres, au risque même d'en crever d'une mort légère de courants d'air.



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