• Mon cousin Jack

    Longtemps après que l'Île de la Cité était partie jouer les transatlantiques de luxe médiéval, emportant deux amoureux dans les ombres de la rue des Chantres qu'on imagine toujours chantant, célébrant des héros figés dans la pierre, blottis dans les murs, et dont les exploits nourrissent plus l'art rupestre que les mémoires oublieuses et ingrates des passants aux pas pressés, la station Cité manquant à l'appel, l'eau envahit les conduites tubulaires des sous-sols parisiens.

    Par arrêté municipal, la présence d'une bouée dans chaque wagon de métro s'avéra indispensable. On voyait les mères les plus prévoyantes équiper leurs monstres de brassières.

    C'est à cette époque que mon cousin, Jack La Bouée, monta de Périgueux à la capitale. Périgueux c'était pas le mieux pour une bouée, et il galérait, quoique sur une galère, il aurait pu choper un petit job comme sauve-chiourme, il chômait à sec. Mon cousin est un cygne bouée, mais un modèle enfant, pas tout blanc et gracieux, mais plus caliméro sans coquille en attente de michaël-jacksonisation. Dans le métro, on n'acceptait que les bouées couronnes, ces beaux cercles oranges rayés de blanc qui se la pètent quoi que ce ne soit pas conseillé pour une bouée.

    Ma tante, une bouteille de Contrex qui était tombée sur un cygne dans un lac insalubre, avait pleuré son fils longtemps : « ne va pas à la Capitale », si bien que mort de honte, il n'osait rentrer, il se jeta dans la Seine. Bien lui en prit, car depuis il fait la Manche. Et il adore l'air marin.



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