• Águas de Março

     


    C'est Antônio Carlos Brasileiro de Almeida Jobim, autrement dit Tom Jobim, qui s'est un jour pris à écrire « Águas de Março », ce qui est assez étonnant, puisqu'il a aussi commis « The Girl from Ipanema », après avoir vu Helô passer devant la vitrine du bar où il traînait. Autrement dit, Jobim est un peu comme un Stevie Wonder, ou un Beethoven, nous avons presque tous entendu une de ses combinaisons de notes, parfois dans le faire exprès, comme les Blues Brothers en ascenseur.

    Un jour qu'ils s'étaient tous réunis pour un grand brainstorming, deux cents journalistes brésiliens choisirent « Águas de Março » comment étant la plus grande chanson brésilienne de tous les temps (ou tout au moins les temps passés jusque là). Dans l'absolu, ça ne veut pas dire grand chose, puisqu'il suffirait d'imaginer le bordel entre cent cinquante journalistes français furetant de Cadet Rousselle à Laurent Voulzy, tandis que Daft Punk et Jean-Pierre Mader coinceraient la bulle dans le taxi de Joe ... mais ça le fait quand même...

    Águas de Março, les Eaux de Mars, c'est Impression Soleil Levant, (et je m'y connais en Porte Océane et en bonne impression) une succession de saisissements qui font patchwork, une liste de courses des bons moments, des petites touches appliquées qui font carte postale à colorier ou clavier pianiste mordu de ses dents blanches et noires.

    Et puis les Eaux de Mars, selon l'hémisphère où on les fait couler, ce n'est tellement pas pareil, et pas que du sens des aiguilles des montres dans l'eau des lavabos. Mais ça c'est Brésil, entre autres. A cheval sur les deux, et des journées qui s'égalent presque toujours, mais se troquent les moiteurs, une paulista contre Recife.

    Alors c'est un courant de conscience (au sens de la technique littéraire) un monologue intérieur qui peut (parce qu'il est intérieur et pour rien d'autre) se passer de la structuration de la pensée. L'important c'est le tableau final. Et puis aussi, que ce soit un duo, c'est meilleur pour le monologue intérieur. C'est plus sexuel que ça.

    Águas de Março est une chanson carioca, il ne pouvait en être autrement : la rivière de janvier donne en mars des pluies soudaines, des vents violents, et une construction orchestrale de la chanson, par tons en glissando à la Shepard. Vous voyez ce que je veux dire ? (question débile s'il en est, puisque vous lisez...)

    C'est une collection... spicilège de tons... un album de douceurs... un recueil de timbres... c'est le fil qui se tisse... des tresses de moments... une chair assoupie... une divagation... du guarana à boire... de la braise sur l'île... sao as aguas de março... fechando o verao...
    é a promessa de vida no teu coracao...



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