• Mettre un pas devant l'autre, tant que les fils se retiennent, pleurent les marionnettes du bal. Tenues par le ténu ficelier des dieux des plafonds, elles frottent leurs cires et leurs bois, par entrechocs clinquants. Sur le plancher de la déveine, les pas multiples de valses à neuf temps. Le sourire figé sur les visages, pour l'éternité du patin, sniffer de la colle à bois et se graver un cœur aux ciseaux, les pantins qui dansent ont la dynamique lente et la lenteur mécanique, des laisses qui les traînent à droite puis à droite, à droite puis adroites parfois à gauche. Et maudissent le destin que leur réservent les mains mystérieuses des charpentes.

    Une bouée aurait presque le même comportement si elle avait des fils à la patte, quand elle aurait des pattes. Au bal des plastiques gonflés, des ronds en farandoles aquatiques, elles se regardent parfois en chien de faïence du temps des canards de l'industrie pétrochimique.

    Alors que danser demande ivresse et rythme, duel et emballement sanguin, regards joués et complices, et lent effeuillage des sens, comme une distinction des effleurements à la verticale, cadence militaire, quasi parfaite, sur des structures basiques de trois accords qui aiment se répéter, rien de plus simple. Le temps de l'éthyle d'un parfum, le temps de l'altération par liqueurs.

    Pour avoir sauvé des marionnettes de la noyade la corde au cou où elles flottaient, j'ai appris la danse et l'art de l'évasion des laisses quotidiennes. Rien ne vaut l'adagio des pas partagés et des paumes qui s'embrassent, et cette sensation que tout s'accélère, quand même le tempo se fige. Trompettes et tambourins, et quelques musiciens alcooliques. On se croirait à un mariage. Le nôtre, pauvres danseurs.

    Dans l'inscription du chlorure de polyvinyle, se distingue un début de sourire, une évaporation qui suit la basse, un cœur qui frappe aux tempes et à la porte du déraisonnable, celle où la bouée se mord les lèvres, au risque même d'en crever d'une mort légère de courants d'air.



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  • Je suis mauvais pianiste et je n'ai pas le temps de frapper et déclencher les voyages des marteaux d'un air feutrine, ou le retournement des bâtons d'échappement. La course des ondes sur la table d'harmonie, je la laisse à d'autres dont les disques habitent l'espace acoustique de mes moments d'inaction.


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  • Séquence de pas et barbotages d'une bouée dans un bain. Dans ce qui n'est pas encore une salle d'eaux, mais rien qu'un espace à carreler, aimer la robinetterie, puis monter la bonde. Dans le trop plein de la baignoire rêver des joints d'étanchéité, et des remous désinvoltes. Le temps d'un bain, une ballade en ville, des ratés sur les pavés, des mots à la bonne oreille, et des virages de satiété.

    Avec le réchauffement de novembre et décembre, en attendant de faire déborder les mers de la planète, et de vendre des bouées à tour de bras, à tour de taille, boire un jus de citron.

    Du coq à l'âne, et par les canards plastique, du coq à l'âne, traverser les flaques, couvertes de nénuphars, couverts de fleurs roses et de grenouilles, couverts de reflets ciel, et de visages qui passent par dessus. Un jus de citron ça rafraîchit, en novembre, et du coq à l'âne, servir la limonade.

    Les hommes font des miroirs, avec dedans des images qui bougent. Les hommes attrapent des couleurs, ils les glissent jusque sous leurs peaux.

    Et je sens, que cela me sublime pour le show.

    Du coq à l'âne, et par les canards plastiques, du coq à l'âne, porter des bottes 36. Les hommes construisent des cités, puis des villes d'Ys, où les canards leur volent leurs miroirs chatoyants. Du coq à l'âne, sans se soucier des jours d'après, se saouler à la citronnade.

    Séquence de pas pour le rêveur de salle de bains à la brosse à dents bruyante. Hier soir, trop shooté à l'amour, il ne sait plus remettre ses synapses en place. Pour le bonheur du coq à l'âne.



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  • « Ma poule m'appelle mon canard », pensait Nick la Bouée, « C'est un cygne. »

    A toute celle-là qui s'appelle pas Michelle, mais qui se reconnaîtra...

    Da Lova Duck Jockey



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  • Quelques heures avant que les canards se perdent et fument des clopes sur un parking aérien, après avoir fureté dans les allées de Noël de Carrefour à la recherche de cadeaux d'anniversaire, ils en avaient fumé deux autres, accompagnées de jus de fruits multivitaminé, nouilles saveur crabe, l'Empire contre-attaque, et soupirs à la dérobée, couverts de couette ou de draps et laines polaires, une photo demi lunaire, de la discrétion silencieuse des gestes les plus doux, sous couvert des respirations les plus expressives et la sensation d'invincibilité qui suit l'explosion des sens et l'irradiation des corps. Dans un malstrom de confusion de la pensée submergée de bonheur, un souvenir de lecture de dos de paquets de cigarettes, et deux rires dans un non-souci de rien. Les craintes précédentes, celles de n'être pas assez là, de n'être jamais qu'une bouée dans un monde où plus personne ne veut se noyer, s'évaporèrent. Il ne restait plus qu'à dormir, dormir, dormir pour de vrai, comme deux corps abandonnés qui ne se touchent plus, qui ne se touchent pas, deux bouées qui flottent, du sommeil au tracas quotidien, qui remuent ciel et terre pour se retrouver sur les parkings aériens. Se déposer deux heures de mots pour ne rien dire qui vaille la peine, pour se connaître et savoir qu'on se connaît déjà.

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