• Trop lire la Légende des Siècles me fait parler en alexandrins trois jours durant, ou juste bafouiller la Conscience. Ecouter les eaux de mars, plus encore quand c'est Moustaki, me balance à l'inventaire des sizains, et plus encore, cet « un chemin qui chemine » qui conduit à un taquin qui taquine... un chagrin qui chagrine... le lendemain qui vient... ou un livre entrouvert... une chambre où dormir... un air à siffloter... un petit poisson rouge... les petits pois sont verts... un deux trois quatre cinq... ça doit pas faire six... viens on fait du collage... l'image familière... le fumet qui sent bon... c'est un pain de maïs... c'est la chaleur du four... c'est le feu de ta cuisse... le labour des amours... moucharabieh plastique... la caresse unanime... du gros sel qui crépite... j'aime bien la cuisine... le café qui parfume... le poids de l'annuaire... le poids à l'annulaire... c'est pas trop le moment... et j'ai envie de toi... c'est par où le métro... l'est par où ce tramway... je t'attends sur quel quai... du canard à l'orange... un as de la guitare... le lendemain qui chante... ce sont les eaux de mars... c'est la révolution... c'est un livre entrouvert... on y lit des gros mots... tu l'as lu à trois quarts... une moitié de trop... c'est l'amour et j'en passe... j'ai calé tout à l'heure... un cheval à bascule... des jouets tout en bois... des poupées qui sourient... des jambes de guingois... des corps qui font des croix... des mains qui s'attachent... Simon et Garfunkel... c'est une collection... spicilège de tons... un album de douceurs... un recueil de timbres... c'est le fil qui se tisse... des tresses de moments... une chair assoupie... une divagation... du guarana à boire... de la braise sur l'île... vers le grand Opéra... c'est Elis Regina... puis Jobim en écho... qu'as-tu dit à Marie... l'équateur par l'épaule... une pluie toute sèche... la balle de ping-pong... c'est le pain pas trop cuit... un courrier dans la poche... la fin des lumières... la montre qui retarde... le tournesol qui danse... ce sont les eaux de mars... l'eau qui coule et fait splash



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    C'est Antônio Carlos Brasileiro de Almeida Jobim, autrement dit Tom Jobim, qui s'est un jour pris à écrire « Águas de Março », ce qui est assez étonnant, puisqu'il a aussi commis « The Girl from Ipanema », après avoir vu Helô passer devant la vitrine du bar où il traînait. Autrement dit, Jobim est un peu comme un Stevie Wonder, ou un Beethoven, nous avons presque tous entendu une de ses combinaisons de notes, parfois dans le faire exprès, comme les Blues Brothers en ascenseur.

    Un jour qu'ils s'étaient tous réunis pour un grand brainstorming, deux cents journalistes brésiliens choisirent « Águas de Março » comment étant la plus grande chanson brésilienne de tous les temps (ou tout au moins les temps passés jusque là). Dans l'absolu, ça ne veut pas dire grand chose, puisqu'il suffirait d'imaginer le bordel entre cent cinquante journalistes français furetant de Cadet Rousselle à Laurent Voulzy, tandis que Daft Punk et Jean-Pierre Mader coinceraient la bulle dans le taxi de Joe ... mais ça le fait quand même...

    Águas de Março, les Eaux de Mars, c'est Impression Soleil Levant, (et je m'y connais en Porte Océane et en bonne impression) une succession de saisissements qui font patchwork, une liste de courses des bons moments, des petites touches appliquées qui font carte postale à colorier ou clavier pianiste mordu de ses dents blanches et noires.

    Et puis les Eaux de Mars, selon l'hémisphère où on les fait couler, ce n'est tellement pas pareil, et pas que du sens des aiguilles des montres dans l'eau des lavabos. Mais ça c'est Brésil, entre autres. A cheval sur les deux, et des journées qui s'égalent presque toujours, mais se troquent les moiteurs, une paulista contre Recife.

    Alors c'est un courant de conscience (au sens de la technique littéraire) un monologue intérieur qui peut (parce qu'il est intérieur et pour rien d'autre) se passer de la structuration de la pensée. L'important c'est le tableau final. Et puis aussi, que ce soit un duo, c'est meilleur pour le monologue intérieur. C'est plus sexuel que ça.

    Águas de Março est une chanson carioca, il ne pouvait en être autrement : la rivière de janvier donne en mars des pluies soudaines, des vents violents, et une construction orchestrale de la chanson, par tons en glissando à la Shepard. Vous voyez ce que je veux dire ? (question débile s'il en est, puisque vous lisez...)

    C'est une collection... spicilège de tons... un album de douceurs... un recueil de timbres... c'est le fil qui se tisse... des tresses de moments... une chair assoupie... une divagation... du guarana à boire... de la braise sur l'île... sao as aguas de março... fechando o verao...
    é a promessa de vida no teu coracao...



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    Merci à Karel pour son mail,

    « Salut Duck,

    c'est le top mondial du blog ton blog...

    Au tout début tu évoquais souvent des voyages dans l'espace en cafetière. Qu'en est-il ? Le Café brésilien est-il bon ? Et pourquoi voyager dans l'espace en cafetière ?

    J'aime comme tu nous as fait prendre conscience à nous lecteurs, que l'aventure spatiale est déjà dans la cuisine.


    Karel »


    Merci Karel,

    (Tu as vraiment un joli prénom). Alors pour bien te répondre, voici, une succincte histoire de la bouée du temps d'après l'eau sur Mars.

    Avant quand il y avait de l'eau sur Mars, il y avait des bouteilles à la mer, des Robinson Crusoé, des Titanic, et des pirates des flibustiers... Comme il n'y a pas de lune autour de Mars, il n'y avait pas de marées. Pour les spéculateurs de l'époque, c'était tout un problème, car quand la mer montait, personne ne l'achetait. Beaucoup disent que c'est pour ça qu'il n'y a plus d'eau sur Mars : capitalistiquement parlant, c'était pas porteur.

    Avant quand il y avait de l'eau sur Mars, les bouées martiennes avaient du boulot. Et puis plus rien. Les bouées survivantes se construisirent une soucoupe et toutes bien scotchées dessus, la balancèrent comme un beau frisbee. C'est ainsi que les bouées sont apparues sur terre, au Brésil carrément, en 15000 avant Jésus Christ. Mais pas longtemps...

    Elles furent chassées par des pécaris nains et vénérées par les fourmis, car les Martiens étant tout petits, les bouées martiennes n'étaient pas très grandes. Pendant des siècles, aucun humain ne les vit jamais. Et pourtant les humains en auraient bien eu besoin, eux qui tentaient la remontée de l'Amazone à palme, car à cette époque l'orteil n'était pas ce qu'il est.

    C'est avec l'invention de la tasse à café que la soucoupe revint à la mode, et que des bouées trouvèrent quelques bons jobs sur des transatlantiques à bord desquels on trouvait de l'hévéa.

    De ce sang végétal, les hommes feraient des bouées, puis des chambres à air.

    Voilà pourquoi depuis plus d'un an, le Canard Flottant finance la recherche scientifique du voyage spatial en machine à café.

    A bientôt Karel.

    Duck

     

     


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