• Olalá que llueva café

     

    Dans les chansons des îles café, on entend de tout... au-delà du tambourinage des yukas et du secouage des maracas... Il faut passer par la gauche la section cuivre, et cesser de croire que le pianiste ne va pas s'arrêter, et comme dans le cas présent, entendre ceci :

    « ojalá que llueva café en el campo, pa que en Villa Vásquez oigan este canto »

    Celui qui ne maîtrise par Cervantes en castillan dans le texte sera un peu circonspect, car effectivement cette succession de syllabes et virgules hispaniques ne sera pas sans lui rappeler de festifs vamos a la playa, adios amigo, quiero beber una margarita, la cucaracha la cucaracha ya no puede caminar, porque no tiene... porque le falta marijuana que fumar, tortillas y cerveza...

    Pourtant il faut bien lire autre chose : ojalá que llueva café en el campo, si seulement il pleuvait du café dans les champs, pa que en Villa Vásquez oigan este canto, comme ça à Villa Vasquez ils entendront cette chanson. (Tout de suite ça change de la cucaracha qui manquait sévèrement de marijuana, qu'on se le dise...)

    C'est ainsi qu'en se penchant plus près de cette chanson, on se rend compte qu'une pluie de café sur les toits en tôles dans les champs fait un bruit de maracas à Villa Vásquez qui rappelle ladite chanson. J'aimerais soudainement m'étendre sur ce qui se raconte de Villa Vásquez sur la toile, mais l'information la plus percutante trouvée sur Google tient en un lapidaire « El 60% de los habitantes de Villa Vásquez usa letrinas » (avec pour ceux qui oseront suivre le lien une belle photo de toilettes en tôles). Autrement dit quatre villalobosvasquézien sur dix se promèneraient dans la nature avec des feuilles de bananiers, quand un besoin se fait sentir, et qu'il manque de pleuvoir du café.

    Mais on s'écarte un peu du sujet là, même si les soucis de santé publique devraient nous passionner un peu plus. Parce qu'une chanson qui commence par :

    « Ojalá que llueva café en el campo, que caiga un aguacero de yuca y té, del cielo una jarina de queso blanco y al sur una montaña de berro y miel », c'est encore plus révélateur.

    Celui qui ne maîtrise par Cervantes en castillan dans les devantures des librairies me prendra pour un fou, pourtant il faut bien lire (à peu près) que « si seulement il pleuvait dans les champs, qu'il tombait une averse de manioc et de thé, et puis du fromage blanc du ciel avec au sud une montagne de cresson et de miel... »

    Olalá que llueva café soudainement. Parce que la pluie de café c'est soit comme des petits grêlons, soit comme de la pluie qui brûle et tache les chemises, avec des éclairs de percolateur au passage, des étourderies du cafetier céleste qui s'embrouille parfois entre fromage blanc et thé, et qui a pris une montagne pour un pot de miel au cresson. La République Dominicaine se trouve quelque part sous la corne d'abondance. Voilà ce qu'j'dis moi. Et on restera là.


     

     


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