• Sur la route du pays où la vie est moins chère, elle a croisé un canapé qui faisait une gueule d'enterrement et qui s'appelait Lambada. D'après mes notes, puisque je n'ai que ça à faire, en prendre plein, d'après mes notes donc, dans la même heure, elle s'étonna que je répète des choses que je n'avais pas entendues... Je l'aime.

    C'est un peu comme les ponts qu'elle construit de sa nuque aux mollets. La suspension voûtée, l'arc blanc crème qui finit sur deux branches chaleureuses, les dessins de colonne, le velouté des côtes, et sur les ralentisseurs la fente qui recèle les secrets du monde, ceux qu'on échange sur l'oreiller, pas tant que l'oreiller veuille écouter, mais qu'il est mordu ou agrippé. C'est un pont qui tient à ce que de gris nuages le prennent.

    Alors je me laisse aller à pleuvoir aussi, puis à faire le brouillard à même sa peau, le pont-levis parallèle, qui s'abat sans poutrelles, affamé, et aux bruits des chaînes métaphoriques répondent les couinements des chaises qui grincent et des lits qui pépient.

    C'est un peu comme les ponts, suspendus, affalés, écrasés, de biais, saouls, de face, de travers, dans le vide, à même le sol, elle s'étonnera que je les raconte sans les avoir tous franchis. Et moi, je penserai juste à un truc du quotidien... Je l'aime.



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  • A l'origine, il n'y a rien, qu'un point. De l'infiniment fini tout petit. Mais un rien de toi multiplie. Dessine un premier chemin, un segment à l'allongé d'une droite, la route entre ton point le mien, à la naissance des points communs, premier triangle et trois premiers coins. Redis-moi ‘mon amour' dans tout l'hexagone. Un rien de toi multiplie la multiplication des coins. Et évidemment les chants de canards. Demande-toi si tu m'aimeras encore, et multiplions les ombres de la fatigue et les montagnes dans nos regards.

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  • Quand j'étais Delerm et que j'écrivais des mardis qui venaient avant des mercredis, des soirs où je ne me posais pas de questions de mots, où ça suffisait quoiqu'il découle... Des filles de film avec des ours, ou bien l'inverse sans que ce soient des films d'ours avec des filles... Il me suffisait de rien pour tailler des châteaux dans des grosses lettres de mots bruts... Aujourd'hui, c'est toujours insatisfait que je reviens de derrière les carreaux cornés des calepins.

    C'est sûrement ce que tu appelles le pire.

    C'est sûrement à trop s'appuyer sur le soda de luxe, faire du rafting sur les bulles de la Veuve Clicquot.



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  • Dansent des ombres chinoises, plus rapides que n'importe quel lonesome cow-boy. A cette heure baignée de brouillard, les petites bougies dessinent des funambules. Sur la corde raide des flammèches, du bleu donne naissance au jaune et jette au mur de la pièce, le quadrille des doigts asynchrones. A cette heure, je sais déjà que plus rien ne nous interdit de traîner jusqu'au matin en silence et en non-dits.

    Jette des couleurs sur la table, dessine des paradis m&m's, laisse-moi fondre dans ta main ou sur tes lèvres. La nuit qui gagne enfin, achève les aquarelles artificielles.

    Avant que ne vienne demain, je t'entendrai mille fois dire, des syllabes et élixirs qui dessinent une montagne bien dérobée aux atlas les plus fournis, le « Mont Amour », mal orthographié par les oreilles indiscrètes. Sur notre ligne sur écoute s'étendront des parures sacrées, des aubes qu'on n'imagine plus.

    Et à la lueur des dernières lumières, un abat-jour branlant jettera les ombres confuses, de caresses savoureuses, au silence crié dans des oreilles badines.



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  • Si ça te dit, on pourrait se noyer autour d'un café crème. Et lire sans s'intéresser aux pages des vieux grimoires et des lettres sur papier jauni dans les prunelles de l'autre, une sorte de rêve échappé d'une vitre ouverte, d'un autobus grisé sur les autoroutes de vacances.

    On pourrait se promener et faire tous les métiers. Quitter chacun son chez soi, traîner le long des routes mauvaises qu'on ne photographie en noir et blanc, en espérant d'avoir la chance de croiser Arletty à un détour du voyage.

    Et puis autour du café crème, faire tinter les cuillers, noyer du sucre, et dans spirales de bulles en couleurs, dessiner des baisers tourbillonnés.

    En éloignant la table, en rapprochant les chaises, pianoter sur ta cuisse des sonates et des airs, des chansons de chercheurs d'or, des sésames ouvre-toi, qui approchent ta bouche de la mienne.

    Et puisque tu le demandes, je viens tuer tes voisins. Un peu comme Léon, mais moi je suis pas crétin.



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