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    Comme j'écoutais de la pop suédoise (voilà ce qui arrive à traîner avec des canards qui ont tant perdu le nord qu'ils vont voir de l'autre côté de La Haye) je me refaisais des histoires de nous.
    Il y a de toute évidence peu de rapports entre la pop suédoise et les histoires de nous. Mais vu que là ça disait « time after time you could always refer to the things from the past shading you », et que je ne sais même pas ce que ça veut dire "shading", je me suis dit que ce serait bien si je me refaisais des histoires de nous.
    Après comme ça disait, « Saturday waits, you'll get over it then, Sunday never come late, always stand in the shade », et que je ne sais même pas ce que ça veut dire "shade", je me suis dit que les week-end arrivent parfois bien vite les lundis.
    Quand tu m'attendais avec les clochards de la pharmacie face au marché en me téléphonant sur le zigzag des embouteillés, et qu'une heure après, le barman était pris dans la même folie : « Bon week-end », qu'ils avaient tous à la bouche, et on était lundi.


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    Je suis un tartineur, je peins sur l'épaisseur de la mie, des sourires couleur cerise. Le pinceau en cuillère, à soupe la cuillère, le caviar d'aubergine fait sa cuisine. Miamiamiam nanana. Miamiamiam nanana, je vais m'en foutre plein les doigts. Sous la pluie des crevettes, des grêlons d'Espelette, en traces rouges, sur le matelas de mie cratères. Un p'tit cube d'avocat, histoire de faire la loi, sur le mâchicoulis des bords de mie. Miamiamiam nanana. Miamiamiam nanana, je vais m'en mordre plein les doigts. Et entre tes lèvres tout est parti.
    Pour moi du beurre demi-sel, sur du pain chauffé au blanc...
    Attendre juste qu'il coule, pour en rajouter une couche...
    Dessiner la trace de mes dents, en croquant une fois dedans...
    Penser à la confiture.
    Je suis un tartineur, je peins sur les couleurs de tes doigts, des croix au nutella. Et pour tes joues du lila, de la confiture de rose, histoire de faire rougir le premier à passer des boulanger.
    Pour le ventre la myrtille... pour les reins des bleus en persils... un coin incertain pour un fond de placard qui se déshabille.


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  • Quand on aura fini d'être beaux, qu'on retournera en coulisse, qu'on retirera les habits de la lumière, qui prennent les éclats sur les devants de la scène. Quand disparus derrière les rideaux, qu'on sera au milieu de tous les trucs, qu'on marchera dans les secrets d'Oudini, qui traînent encore dans les cordes grossières.
    On arrêtera de faire des sourires.
    On arrêtera même de faire rire.
    De faire penser au pire.
    Quand les strapontins se vident, que les artistes roulent dans les loges, juste à l'heure du démaquillage, on se verra nus et presque perdus.

    Je porte un quelconque uniforme. Mon visage a juste un uniforme. Je sais dire oui quand il faut dire oui. Je sais même dire non quand il faut dire non. Tu portes un quelconque uniforme. Ton maintien a juste un uniforme. C'est comme ça toute la journée, ça déborde parfois jusque sur la nuit.
    On arrêtera de faire des sourires.
    On arrêtera même de faire rire.
    De faire penser au pire.
    Quand les bureaux ferment, que les artistes roulent jusqu'aux loges, juste à l'heure du démaquillage, on se verra nus et rien que nus.

    Avant que les tours ne soient connus, [quand la radio chante comment se faire des scènes à la ville, comme à la scène], avant qu'on ne se demande même plus, comment dans la boîte je sépare d'un coup de grue, tes blanches épaules de tes lointains pieds nus. Je secouerai des fioles, et leur philtres enfermés, avec un peu de chance j'y trouverai, un baiser qui reposerait.


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    Tu ne croiras jamais ce que j'ai vu à la télé...
    Tiens d'ailleurs voilà qui ferait un bon titre de rubrique...

     

    Alors au début, ça commence à la plage. Il y a un bébé qui passe avec une hélice d'hélicoptère dans la couche, ce qui à bien y réfléchir, ventile de sacrées effluves de talc. Et comme on le verra par la suite, le gars qui a pensé tout ça, il devait pas manquer de talc.
    (Le manque de talc c'est quelque chose, quand tu travailles dans le monde de l'inspiration ou du sniff comme résument certains)
    Alors comme on est à la plage, David Hasselohff sort de l'eau avec des affiches à placarder. Sûrement qu'il revient de chez Bob L'Eponge. Il arrive en ville, mais seul, pas comme Balavoine, alors les petites vieilles ne s'effraient pas. Pourtant il a à peu près la même coupe. Cela n'effraye pas non plus les poissons du sushi-bar dont les vitrines font aquarium. Sur la terrasse un poisson-chat risque de tomber sous les griffes d'un latino miauleur. Mais qu'importe, David passe son chemin, il a des choses à faire, lui : il placarde alors son affiche sur une cloture de chantier tout en planches de bois pas égales.
    "BAND CHALLENGE, aujourd'hui à 4 heures", annonce l'affiche.
    Le premier à la lire, tandis que David se barre (on verra par la suite qu'il rejoint KITT), est un lézard en chemisette blanche. Inspiré à l'idée du concours, il s'empare d'une guitare basse accrochée au réverbère le plus proche.
    Il y a sûrement un personnage à Prévert dans le coin. Mais le temps d'y penser que le poisson chat finit son café et poursuit le lézard, ainsi que deux amoureux sortis d'une poubelle, un ectoplasme sous un bob rose, une fille née dans une bulle, un type à tête de carton musical qui prenait la pose devant un mur taggué love is evil, et enfin, un vendeur de hot-dog enflammé. Tous les six avancent alors sur le chemin de la vie qui ressemble soudainement à ces tapis roulants qui mettent les garçons au chômage dans les restaurants, cantines, et autres diner rooms sans fesses de serveuse à pincer. Les clients ont l'air fort joyeux, mais sont figés de chez figés, sûrement parce qu'ils n'ont rien à pincer. Même la grenouille rose qui vomit du vert à côté de Georges Clooney qui boit de la bière.
    A la fête foraine, sur le grand huit, on se rend vite compte que la fille bulle est trompettiste, et l'amoureux tromboniste à coulisse, tous les autres font valoir un joli coup de rein, très travoltien dans l'âme. Dans le ciel passe un rouquin sur un nuage magique, tandis que vole un canard sur un chien volant. Ils sont à peine perturbés par les oscillations du hot-dog mécanique.
    Quand les chants reprennent, tout le monde a un canard flottant à son regard, si ce n'est la fille en bulle et le poisson-chat. Et rien ne perturbe les bébés en pampers hélicoptère, pas même le KITT volant de David qui plus tard s'avèrera amphibie.
    A la sortie d'une langue de guimauve d'un dragon rainette qui éternue, tout le monde saute dans un ciel nuageux rouge, ou une montgolfière fait de la pub
    Mais c'est que c'est déjà l'heure du Band Challenge à la plage. Au loin au bout de la presqu'île, deux géants plus grand que le phare se tapent, même une girafe avantagée par la perspective cavalière, n'a pas l'air bien plus grande qu'eux. Le poisson-chat fait une très mauvaise réception, la moustache la première, et heureusement que le gars à tête de carton est là pour le sauver, parce que sinon, il restait littéralement planté là. Le groupe monte sur scène (qui n'est rien qu'un radeau avec un drapeau blanc floqué d'un deep plus qu'énigmatique) en passant devant des vieux beach boys zombies, tandis que David Hasselhoff chauffe la foule avec son short rouge. Le tromboniste amoureux à coulisse a plein d'eau dans ses chaussures, donc il préfère les jeter à la mer et laisser tout le monde profiter de ses chaussettes vert foncé. Chacun tire alors son instrument dont ne sait où, si ce n'est la petite zombie qui vomit un triangle. Au moins sait-on ce que chacun joue dorénavant : le poisson chat est batteur, la fille amoureuse aux claviers, le type à tête de carton doit jouer des castagnettes car il arrête pas d'avoir les mains dans les poches, l'homme en feu est sûrement rapeur, car il râpe un truc... Alors qu'un Zepellin passe dans le ciel en indiquant le titre de la chanson, la foule est en délire !!! et quelle foule ! trois triplés dont deux qui tournent pas rond, et quatre quadruplées qui tournent pas du tout !!!
    Soudain le radeau part à la dérive vers le pays où les pieuvres rouges tapent sur la tête des roses. David Hasselhoff surgit des flots avec son KITT amphibie déguisé en requin, et il avale nos héros. Métaphore cruelle : pour l'écriture de ses disques merveilleux (souviens-toi quand il chantait sur le Mur de Berlin pour le faire s'écrouler, si si, véridique) David a tué des vocations en repérant des petits jeunes dans la rue. On a à peine le temps de méditer, que Puff Daddy passe dans un radeau tiré par Flipper.

    Au cas où on aurait pas encore bien compris, une deuxième métaphore finit ce film merveilleux : nos héros montés au ciel devant l'astre de l'Architecture finnoise deviennent des fantômes d'un pacman constellatoire ou David Pacman et sa voiture requin continue de les engloutir.

    Moralité : arrête les radiocrochets et le talc à bébé.

     


     


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